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Deep in the Darkness
Deep in the Darkness
27 avril 2008

Nobody's perfect

Nobody_s_perfect




J'étais chez un ami, à discuter avec lui au milieu des DVDs, des affiches de films et des photos. Un bon moment passé.
En revenant chez moi, je rêvassais vaguement à propos de lui. Je repensais à toutes ces années passées pendant lesquelles on s'était croisés et recroisés, jusqu'à en devenir familiers l'un à l'autre. Pourtant, on n'avait jamais été ultra proches. J'étais deux ans en dessous de lui en école maternelle, ce qui était un écart trop large pour les deux gamins qu'on était; ensuite j'étais parti de cette école, et on n'avait plus jamais été dans le même établissement. On se croisait seulement à l'ortho de groupe tous les mercredis matins, où j'étais dans les benjamins du groupe et lui dans les doyens. Moi dans les têtes brûlées, lui dans les caïds.
Et puis cet immense blanc de sept années... durant lequel je ne le voyais que de loin en loin, une fois par an au mieux, avec les autres. Juste assez pour sentir le fossé se creuser et s'élargir un peu plus chaque année.
Puis il était parti à son tour, du noyau central. Dans un autre lycée. Parmi d'autres gens. Où il était devenu presque plus signant qu'oraliste. Et s'était éloigné, tout comme moi je m'étais éloigné, sans le vouloir vraiment mais sans rien pouvoir y faire...

Et puis la fin du lycée. Les études supérieures. Le début de la renaissance du groupe, avec son retour, et le mien. Et ce parallélisme progressif de pensée et d'action, dont je ne m'étais pas réellement rendu compte jusqu'à maintenant.

J'y ai pensé... j'ai pensé aux gens que j'avais croisés en primaire, et avec qui je n'avais pourtant pas eu de contacts suivis avant ou par-delà toutes ces années d'exil. Deux filles qui étaient parties dans le même lycée que lui, et s'étaient enfermées dans ce milieu. Une autre, qui était partie à Lyon. Un autre dont je n'avais plus entendu parler malgré sa réapparition brève il y a six ans. Un autre - et mon cœur un instant s'est arrêté.

Un autre - Et d'un seul coup, en les accolant l'un à l'autre, j'ai compris pourquoi lui entre tous était devenu et resté un ami durant toutes ces années - malgré toutes ces années. Malgré les bourdes que j'avais faites, malgré mon départ et le sien, malgré nos parcours totalement différents.
Parce qu'entre tous ceux que j'avais connu à cette époque, frères de handicap ou non, tolérants ou non, je n'avais jamais rencontré personne d'aussi foncièrement, fondamentalement gentil.
Il a des défauts, comme tout un chacun, des complexes, des imperfections. Mais, ce dont il est le plus inconscient, et qui pourtant rachète tout ce qui pèche en lui, c'est qu'il est totalement, indissolublement, indélébilement gentil. Totalement incapable de faire le moindre mal à une mouche. Indissolublement soucieux de son comportement, non pas pour seulement paraître, mais surtout pour être, essentiellement et entièrement être  tel qu'il le voudrait avec autrui : gentil. Et non pas gentil au sens d'attitude raisonnée, orientée vers un but : bien se faire voir; c'est son attitude spontanée, l'essence de son être. C'est la gentillesse innée.
Et chaque fois que je le vois, je le sens complètement incapable d'aucune manipulation et d'aucune perversité. Toujours en train de chercher le consensus, l'accord avec autrui, à lui être agréable, au risque d'être maladroit ou de paraître emprunté. Incapable de faire mal ou de chercher à faire chier les gens - de le chercher vraiment. Il n'aime pas appuyer sur les points faibles; il refuse même de les chercher, parfois de les reconnaître chez autrui. Il n'appuie pas, ne fouille pas, ne cherche pas à savoir. Il ne fait que proposer, et prendre l'autre tel qu'il est.
Du même coup, il peut paraître incroyablement artificiel ou coincé, et un instant plus tard, incroyablement naturel. C'est son naturel. Ce qu'il cherche avant tout, c'est à ne pas mettre l'autre mal à l'aise, quitte à se brider lui-même. Quitte à se mettre, lui, en quatre, ou dans l'embarras, plutôt que l'autre.
Tout le contraire de l'autre, qui, quant à lui, cherche d'abord essentiellement à déstabiliser l'autre, à le provoquer, à le faire chier, à le faire sortir de lui-même, avant tout. A le forcer à se dévoiler tout en restant lui-même voilé, à mener le jeu en en étant toujours le maître. Quitte à aller trop loin, et à blesser.
[- Il t'aurait suffi d'une once de cette gentillesse... - Mais il est trop tard aujourd'hui.]

Logique, dès lors, qu'ils se soient toujours regardés en chiens de faïence...

Et je dois avouer que, même si c'est l'empêcheur de tourner en rond que j'ai aimé, c'est toujours le second que j'ai le plus hautement estimé en loyauté et en droiture.

C'est pourquoi j'ai toujours envie de dire, face à sa volonté d'être parfait : "Ne cherche plus à l'être mon vieux; et tu le seras enfin!" - Laisse-toi respirer tel que tu es; laisse se déployer ta gentillesse, et il n'y aura personne de plus proche de la perfection que toi au monde!

- Peut-être qu'un jour je le lui dirai... Encore faudra-t-il qu'il l'entende! :D



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