Ombre II

Eh oui... quand on revient, on a changé... plus complètement que si l'on était mort
et ceux que vous aviez quitté ne savent pas ce qui s'est passé...
et vous ne comprenez pas qu'ils aient pu vivre comme si de rien n'était
qu'ils aient vécu toutes ces années sans savoir... sans jamais chercher à savoir...
- sans jamais se poser de questions -

Eh oui... quand on revient, les gens ont changé... pas l'opinion qu'ils avaient de vous
et ils ne comprennent pas ce qui vous est arrivé...
et vous ne comprenez pas le jugement qu'ils portent sur vous

Passé et présent se téléscopent devant tous ... et chacun est perdu devant l'autre
Chacun voit l'autre avec les yeux du passé, et le découvre différent de ce qu'il pensait
alors ou bien il l'admet tel qu'il est désormais et l'accueille par-delà le changement
ou bien il ne peut ni ne veut plus le reconnaître.


La seule solution est alors de faire table rase du passé pour laisser vivre le présent.


Partir, c'était mourir un peu... revenir l'était plus encore.
Je suis parti le cœur plein d'illusions - je suis revenu en mort-vivant.
J'ai pu laisser le passé derrière moi, j'ai pu accepter les choses comme elles l'étaient, j'ai pu pardonner...
Seule reste l'amertume du souvenir.

Et jamais aucun souvenir de ce qui s'est passé ensuite n'a pu égaler cette amertume.
Et nul départ ne pourra jamais être plus douloureux que cet exil.

Comment ne l'as-tu pas compris, toi qui voulais partir?
Le plus grand arrachement n'est pas de partir très loin, mais d'être exilé de force
le plus douloureux, ce n'est pas l'absence en elle-même, mais l'oubli.
c'est d'être dans le même pays, la même ville que ceux que tu aimais en frère
et de te rendre compte que c'est comme si tu avais vécu dans un autre monde
c'est de savoir qu'ils ne comprendront jamais ce que tu as enduré,
c'est de réaliser, face à la mort, que ceux qui t'ont mis en enfer, c'est tes parents -
de comprendre qu'ils t'auraient sacrifié plutôt que de reconnaître leur aveuglement.