Fenêtre ouverte sur la pureté

Le conteur de baisser la tête devant le feu sans mot dire...
Mais dans un murmure s'élève sa voix sous les cieux

"Voici que dans un accès de colère l'enfant-roi a fait prisonnier l'enfant-rêve...
qu'il l'a jeté en prison et condamné à mort
- Désormais, chaque jour qui passe peut être le dernier de l'enfant-rêve.

Et tous ceux qui le voient garrotté derrière les barreaux ont pitié de lui
... et leur cœur se serre lorsqu'ils voient encore ses yeux refléter le ciel...
- car ces yeux sont leur dernier espoir pour que vivent les rêves -

Mais, fût-ce sous les coups de l'enfant-roi, face à sa main levée,
fût-ce face à la main levée de l'enfant-roi qui le menace de mort,
- face à la mort elle-même -
toujours reste infiniment pur le visage de l'enfant-rêve...

Car l'enfant-rêve peut toujours rêver d'un monde où il ne mourra pas...
d'un monde où il serait libre et son cœur joyeux
- d'un monde où l'enfant-roi ne le haïrait pas -

Alors le conteur lève les yeux - et tous de voir les larmes qui y scintillent
"En vérité, en vérité, telle est la seule et véritable blessure de l'enfant-rêve...
non pas la peur de la mort, non pas la douleur,
mais cette haine que veut avoir contre lui l'enfant-roi...
Et en vérité, en vérité, tel est le seul véritable danger qui menace l'enfant-rêve...
- que devant la haine de l'enfant-roi son cœur finisse par se rompre
- et qu'alors ne puissent plus s'éveiller les rêves en lui -

Car les rêves viennent du cœur des hommes... et seul peut leur donner vie un enfant

Et ainsi viendrait la véritable mort d'un enfant-rêve dans le royaume de l'enfant-roi..."