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Deep in the Darkness
Deep in the Darkness
20 février 2008

Aurélien et Bérénice

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Plus je relis ce roman, plus je nuance ma position par rapport aux personnages...
La première fois que je l'avais lu, j'avais treize ans... C'est dire toute la thématique de l'amour que cette histoire a formée dans mon esprit... J'ai toujours beaucoup aimé et admiré les personnages de ce roman.

Et pourtant, je ne veux pas d'un Aurélien. Pas d'un homme qui passerait sa vie à ressasser son passé et qui n'atteindrait jamais son présent ni son avenir. D'un homme qui ne saurait pas saisir l'occasion qui émerge sous ses yeux... qui resterait un éternel inadapté au sens négatif... incapable de prendre l'initiative... toujours se dissimulant à soi-même, toujours fuyant la vérité jusqu'au moment où il sera trop tard pour rattraper l'irréparable - la rupture, l'éloignement, la mort de Bérénice.
Je ne veux pas d'un homme qui perpétuellement attendrait que la femme se conforme, se borne à ce qu'il voit d'elle, à ce qu'il VEUT voir d'elle - à la définition qu'il donne d'elle... qui en ferait une condition de l'existence de leur relation... qui chercherait à maîtriser totalement ce qu'elle est, ce qu'elle fait et ce qu'elle pense, tout en l'aimant au fond pour ce qu'il ne maîtrise pas d'elle...
- mais un homme qui saurait accueillir et aimer à nouveau chaque jour une femme semblable et pourtant différente, qui accepterait le fait que si profondément fût-elle sienne, elle lui échappe toujours quelque part.

Et je ne veux pas non plus être Bérénice... de la même façon, je ne veux pas être une femme qui réclamerait avec intransigeance, pour pouvoir l'aimer et avant de se donner à lui, qu'un homme se conforme entièrement à la haute définition qu'elle donne de l'amour... Viser cette définition, à la rigueur, je veux bien...
... mais la définition de l'amour n'est jamais fixe et univoque, elle se construit à deux, jamais seul... seule compte la grandeur de ce qui soulève l'homme et la femme... qui les attire l'un vers l'autre... la profondeur dont cet amour tire toute sa force et toute son ampleur... et l'attention, la confiance et la sincérité  envers l'autre par lesquelles il va se témoigner chaque jour...
- ou alors une Bérénice qui, sans rien perdre de sa profondeur et de la fascination qu'elle suscite chez Aurélien, lui serait cependant accessible...
dont il pourrait sentir qu'elle est à lui dans l'instant même où il sait qu'elle lui échappe

...

voilà - c'est cela le plus dur pour l'homme et la femme :
parvenir à rester à la fois infiniment familiers et infiniment mystérieux l'un pour l'autre
pour toujours être l'un à l'autre leur plus intime et leur plus incommensurable horizon

...

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